LES DEUX LAVOIRS
LE LAVOIR DU CREUX SAINT-GERMAIN
UN PETIT CREUX GAULOIS
Creux, dérivé du gaulois, ne désigne pas seulement une excavation mais caractérise également la nature caillouteuse, calcaire et pentue du terrain, comme pour le raidillon du Crê Buchot ou le climat en 1er cru Creux de la Ney. Ce toponyme est fréquente en côte viticole sous les formes voisines Les Cras ou Les Crais. Quant à Saint Germain, il fait référence au patron de la paroisse dont l'église est en haut de la rue.
IMPÔTS D'ÉPOQUE
Au milieu des années 1820, à la place de ce lavoir, il y avait un simple bassin (le Creux) devant servir de réservoir en cas d’incendie. Il était alimenté par la fontaine dite de la Croix Moron dont le cours était régulièrement dévié par des constructions nouvelles, notamment rue du Creux Saint-Germain et rue Basse (aujourd'hui rue Rameau-Lamarosse). Le projet municipal d'édifier un lavoir public mit un terme à ces désagréments. Pour financer les travaux et la réfection du canal d'alimentation, un impôt exceptionnel fut prélevé auprès des 10 plus gros propriétaires du village. Dont Rose et Simon Gauthey-Goudard (voir 2), qui possédaient entre autres les jardins près de la fontaine. Et tout rentra dans l'ordre, au fil de l'eau clair.
BAIGNADES INTERDITES
Un jour de mai 1829, des jeunes du village furent surpris à batifoler à deminus dans le lavoir... L'affaire remonta aux oreilles du maire, Antoine de Chalonge, outré par cette « insulte à la décence publique ». L'affaire en resta là mais un arrêté municipal a aussitôt rappelé le but assigné au lavoir : laver le linge et puiser son eau dans un seau propre. D'autres arrêtés avaient interdit d'y laver les paniers à vendanges ou les entrailles de porc... défendant expressément « tout ce qui pourrait la rendre encore plus désagréable à boire ». Sinon, gare aux gardeschampêtres !
THÉÂTRE SUR L'EAU
Lors des Rencontres Jacques Copeau, organisées de 1991 à 2000, les deux lavoirs (celui du haut et celui du bas), les cuveries et autres lieux du village ont pu servir de scènes théâtrales. Les bassins étaient alors recouverts d'un parquet, rappelant l'esthétique de Jacques Copeau : « Cinq ou six acteurs et un tréteau suffisent à représenter l'univers ».
La municipalité forme le projet de remettre en état et en eau le lavoir à sec depuis quelques années, dans l’esprit de préserver cette précieuse ressource.
LE LAVOIR DU HAUT
Contrairement à celui du Creux Saint-Germain, le lavoir du haut ne porte pas de nom : c'est « le lavoir du haut ». Quelques femmes venaient encore y battre leurs linges dans les années 50, même si -disait-on- elles avaient une machine à laver chez elles...
Jadis une sorte de grand caniveau empierré descendait de la Mère Fontaine pour alimenter le bas du village. À cause de ses rues pentues, la distribution de l'eau fut maîtrisée par deux systèmes : les bornes-fontaines et des bassins intermédiaires aux deux lavoirs. Sur le cadastre napoléonien figurait un de ces petits réservoirs à ciel ouvert au niveau de l'église. Abreuvoir pour les bêtes, sans doute ?
LE RÉSERVOIR ENTRE FONTAINE ET LAVOIR
Le croquis donne une idée du réseau reliant la Mère Fontaine, le lavoir et les bornes-fontaines, en dehors des rares puits en fond de cours. C'est de la Mère Fontaine que s'échappait un grand caniveau qui alimentait dès le XVIIe siècle la future Maison de Jacques Copeau (voir 10).