L'EGLISE SAINT-GERMAIN-L’AUXERROIS :
Placée sous le patronage de saint Germain l’Auxerrois, l’église remonteraient à la fin du XIIe siècle, époque où apparaît également le nom Pernand, dans différents titres de propriété de l’abbaye de Maizières.
Appuyée de 13 contreforts, l’édifice est définitivement achevé au milieu du XIXe siècle lorsque deux chapelles l’agrandissent : la chapelle de la Vierge, côté rue du Paulant, et la chapelle Sainte Thérèse, à l'opposé. L'église prend aussi plus de hauteur avec un clocher typiquement bourguignon aux tuiles vernissées. Il est similaire à celui de l’église de Monthelie également en toit de laves et dédiée à
Saint-Germain-d’Auxerre. " Le revêtissement aurait lieu en tuiles vernis afin que le clocher s’harmonise mieux avec le reste des construction ", avait prévu son architecte en 1859.
Sa pierre calcaire ocre est extraite du lieu-dit la combe Volgeant (sur la gauche en sortant du village, en direction d’Echevronne). Sa couverture originelle de laves est posée à même la voûte, sans charpente. Celle-ci a été entièrement refaite entre 2014 et 2015, financée en grande partie par souscription publique auprès de la Fondation de France.
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Saint Germain fut évêque d’Auxerre au Ve siècle. A ne confondre avec son contemporain autunois, dit aussi saint Germain de Paris. A Gilly-lès-Cîteaux, par exemple, c’est à ce dernier que l’église est dédiée. En Côte-d’Or, une dizaine de paroisses sont consacrées à Saint Germain l’Auxerrois. Son vocable daterait de
l’époque où la cure de Pernand a été, en l’an 1401, rattachée au diocèse d’Autun, lui-même placé sous la tutelle du Chapitre de Saulieu. Propriétaire en Corton, les moines de Saulieu s’étaient affiliés au XIIe siècle aux bénédictins d’Auxerre, signant une certaine indépendance vis à vis de Cluny.
A l’entrée, le grand tableau figure saint Germain l’Auxerrois repoussant les nuées de sa crosse épiscopale.
Dans la chapelle latérale nord (à gauche), sous le vitrail de Notre-Dame de Lourdes, un moulage en plâtre reçoit la mention Sanctus Germanus (Saint Germain).
De chaque côté du vitrail, deux statuettes du 16e siècle en bois doré pourraient également le représenter donnant la bénédiction, l'un dans une posture assise, l'autre debout.
DANS L’ALLEE CENTRALE :
Nous vous proposons la transcription de leurs inscriptions (Les restitutions sont entre crochets).
A l’entrée, la première pierre gravée est celle du curé Vienot. Baptisé à Chassagne-Montrachet, il a officié à Pernand de 1755 à 1763 :
CY GIST H. B. A.
VIENOT CURE [de Pernand]
AGE DE 36 ANS
FAIT SES FONCTIO[ns] [sacerdotales de 1755 à 1763]
DECEDE LE 20 [-] [1763]
PRIE DIEU POU[r] [le repos]
DE SON AM[e]
2e dalle (la plus lisible) :
CY GIT JEANNE BONNARDOT
FEMME DE JEAN
CONSTANTIN EN SON VIVANT MAR
CHAND A PERNAND LEQUEL A
DECEDE LE 14 NOVEMBRE 1772
AGE DE 72 ANS
PRIE DIEU POUR LE REPOS
DE SON AME
3e dalle :
A ne pas manquer : au bas de la dalle, figurent deux outils du travail de la vigne : une houe pointue et une serpe. Entre les deux, le monogramme IHS (abréviation grecque de Jésus ΙΗΣΟΥΣ), surmonté d’une croix.
Au pied de la 3e dalle funéraire, d'antiques outils de la vigne
CY GIT [j]EAN FOURNIER M[a]R[i]
DE CLAUDINE VAUTHELERET
QUI D.C.DA LE 20
JANVIER 1[7]16
QUI [a] FONDE UNE MESSE PAR SEMAINE
PAR CONTRACT RECU [d’] ESTIENNE NOTAIRE
PRIE DIEU POUR SON AME
4e dalle :
CI GIT PIERRE
FI[l]S DE GERMAIN MATHOUILLET
LEQUEL DESCEDA
[le] 14 M[ars] 168[-]
PRIE DIEU
(en bordure) POUR SON AME
5e dalle (la plus abimée) :
CY [gît] DI[man]CHE
[—] ET FAM [femme]
[d]E [m]ICHEL [—]
LE [—] [ju]ILLET
21 [d]ECEDA
LE [—] 1668
[priez dieu] P[our] SO[n] [âme]
6e dalle :
CY GIT FR[an]COIS
BONNARDOT [m]ARCHAND
DECEDE LE — [ju]ILLET
1728 AGE DE 66 [a]NS [p]RIE
DIUE [dieu] POUR L[e] [r]EPOS
DE SON AM[e]
7e dalle :
CY GIT HOMME
LOUIS MATHOUILLET
DEN [dans] SON VIV[a]NT
MARCH[and] [à P]ERNAND
DECEDE LE 12 7BRE [septembre]
1769 AGE DE 72 ANS
PRIE DIEU POUR LE
REPOS DE SON AME
Louis Mathouillet, né en 1697, et son épouse Anne Loison eurent neuf enfants, suscitant au village une longue descendance de vignerons.
8e dalle (face au choeur la plus ancienne des huit dalles) :
CI GIT [a]DORABLE
HOMME [tho]MAS PAVELOT MARI
DE FE[r]VA[nte] VI[e]
[d.c]E[d.] [l]E - CIN[q]UI.ME [a]VRIL 1646
Le vigneron Thomas Pavelot s’est marié à Pernand le 29 janvier 1623 à Thomasse Mathouillet. Ils auraient eu au moins deux fils, Henri et Thomas. A la génération précédente, fin du XVIe siècle, Guillaume et sa femme Guyotte Arbinet habitaient déjà le village, suscitant une longue lignée de vignerons dont Louis Pavelot, bienfaiteur du village.
LES VITRAUX DES CHAPELLES :
Le vitrail de la chapelle sud représente le Petit Roi de Grâce, aux habits rouge et or identiques à ceux de la statuette parvenue aux Carmélites de Beaune pour Noël 1643 (visible à leur couvent, rue de Chorey). Le vitrail est signé de Joseph Besnard, maître-verrier à Chalon-sur-Saône entre 1870 et 1899. Il a travaillé pour de très nombreuses églises, dont celles d’Aloxe-Corton et de Savigny-lès-Beaune. Le vitrail de la chapelle nord n’est pas signé mais de même facture.
A l’entrée de la chapelle sud, une plaque de marbre comm.more le premier pèlerinage organisé à Lourdes depuis Pernand. En écho, le vitrail de la chapelle nord illustre Bernadette Soubirous dans sa grotte des apparitions. Ces pèlerinages ont commencé du vivant de sainte Bernadette (1844-1879), conduits à Pernand par le zèle de la châtelaine Marguerite Gravier de Blic qui fit ériger l’oratoire Notre- Dame de Bonne Espérance (voir 9).
NOS CHEFS D’OEUVRE :
A l'entrée de la chapelle nord, ce volet du XVIe siècle porte, en bas à droite, le nom des donateurs Pavelot-Salins
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Il ne resterait d’un triptyque que ce panneau du XVIe siècle monté sur charnière. Le volet porte le nom des donateurs ( " ex dono Pavelot-Salins " : donné par Pavelot-Salins). La scène relate la Présentation de l’Enfant Jésus au Temple, 40 jours après sa naissance, par le vieillard Simon. Soit le 2 février, fête de la Chandeleur. L'Enfant désigne ostensiblement un verset de l’Evangile selon saint Luc. On peut lire : LUMEN AD REVELATIONEM / LUC 2 (Lumière pour éclairer, Luc, livre 2, verset 32). La Vierge Marie est le personnage qui tient une cage contenant deux colombes sacrifiées à la Loi hébraïque. L’autre personnage féminin est Anne aux côtés de Joachim, grands-parents de Jésus. Examinez le mouvement des mains des principaux protagonistes, dont celles de Joseph désignant Marie.
Au revers, L’Annonciation : la future mère de Jésus, agenouillée, lit ses propres paroles: ECCE ANCILA DOMINE / FIAT MIHI, traduites dans l’Evangile selon saint Luc par " Je suis la servante du Seigneur / Qu’il m’advienne selon ta parole " (livre 1, verset 38). Elle est immaculée comme les lys dans le vase à côté d’elle, symbolisant l’archange Gabriel qui lui a annoncé sa grossesse.
La statuette ressemble à celle retrouvée à Dijon, dite Vierge de la rue Porte-aux-Lions, conservée au Louvre
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Dans la niche de la chapelle sud, la statuette de la Vierge à l’Enfant est du milieu du XVe siècle. Les historiens s’accordent sur sa ressemblance avec celle notamment conservée au musée du Louvre (dite Vierge de la rue Porte-aux-Lions, Dijon), avec celle des églises d’Echevronne et de Gerland voire avec la Vierge de Gevrey au musée des beaux-arts de Dijon. Leurs analogies, en particulier les expressions des visages, postures, drapés, attestent de la riche production des ateliers bourguignons de cette époque.
DANS LE CHOEUR :
Le chevet est surmonté de deux statuettes dorées du XIXe siècle : sainte Philomène et saint Stanislas. Leur présence complète le cycle marial de l'église.
Le culte à sainte Philomène (Bien Aimée, en grec), patronne des femmes enceintes, nourrissons, enfants et jeunes gens, s’est répandu par l'entremise de Jean-Marie Vianney, curé d’Ars, au début du XIXe siècle.
Quant à saint Stanislas, martyr polonais, il s'agirait de saint Stanislas Kostka, mort le 15 août 1568, jour de l'Assomption de la Vierge. Intercesseur des prisonniers et des d.munis, son insolite présence remet en mémoire l'accueil . Pernand-Vergelesses de nombreux réfugiés chrétiens pendant la deuxième guerre mondiale. En particuliers, des déserteurs polonais de la Wehrmacht, désarmés et exfiltrés par le réseau Roger de Maurice Pavelot, vigneron et maire, lui-même lointain descendant des donateurs (voir le tableau de La Présentation au Temple).
Depuis le XIXe siècle, sancta Philomena et sanctus Stanislas figurent au même emplacement dans le choeur, d’après l’Inventaire des biens des églises réalisé en 1906 lors de la séparation des Eglises et de l’Etat
LES CLOCHES :
Vue depuis la montée du clocher (avant les travaux de 2014-2015) © EP
A leur habitude, les cloches parlent et disent " je " telle une personne.
Prétons l’oreille à la plus grosse qui sonne en Mi :
JE FAIS 1000 KILOS / J’AI ETE DONNEE EN 1895 / PAR L’ABBE VERDOT CURE DE
LA PAROISSE DEPUIS 48 ANS / A L'OCCASION DE SES NOCES D'OR / J'AI EU POUR
PARRAIN MONSIEUR MAURICE DE BLIC PRESIDENT / ET POUR MARRAINE
MADEMOISELLE GABRIELLE VAUCHEY/ MONSIEUR RENEVEY-DEVILLIERS ETANT
MAIRE DE PERNAND / J’AI ETE FONDUE PAR FERDINAND FARNIER A ROBECOURT
DANS LES VOSGES.
La plus jeune, malgré une lacune dans l’inscription, tient à peut près le
même langage :
J’AI ETE BENIE PAR VERDOT CURE / JE PESE 600 KILOS / J’AI ETE [bénie en
présence de] MESSIEURS MATHOUILLET ET CHENOT MAIRE DE PERNAND / LE 7
SEPTEMBRE 1861 PAR MONSEIGNEUR RIVET EVEQUE DE DIJON / J’AI EU POUR
PARRAIN MONSIEUR HENRI GILET DE CHALONGE ET POUR MARRAINE MADAME
MARGUERITE DE BLIC, NEE DE GRAVIER.